jeudi 19 mars 2009

Welcome

Quant à notre indispensable parti socialiste, il tape du poing sur la table et dépose une proposition de loi "Welcome" après avoir découvert l'incroyable vérité au cinéma. Ou comment s'approprier une oeuvre que j'imaginais (relativement) complexe, pour en faire un argument de démagogie simpliste et insupportable (je voulais aller voir le film, notamment pour l'intensité de la relation entre Lindon et l'immigré irakien, mais l'idée même me paraissait intéressante, avec une vraie intrigue pour une fois).

Je n'irai pas, c'est au-dessus de mes forces. L'ambition du réalisateur semble pourtant dépasser la simple "dénonciation-que-c'est-la-faute-au-gouvernement-et-à-la-police-qui-sont-trop-méchants", mais on dirait que tous les politiciens sans idées se sont passés le mot pour en bousiller la promo. D'un côté, les limaces de gauche qui le brandissent comme un tract, et de l'autre, les limaces de droite qui boudent et proclament que c'est franchement pas un bon film parce que faut pas exagérer, c'est même pas comme ça en vrai.

Laissez les gens raconter de bonnes histoires, merde. On a déjà du mal avec le cinéma en France, y'a pas besoin de ça.

Ave Maria

Après l'excommunication (finalement annulée) de la mère de la petite fille de 9 ans ayant dû avorter au Brésil, le récent discours du pape à propos des préservatifs est l'occasion pour toute une troupe de bloggeurs, d'éditorialistes à deux balles et de trous du cul de bas étage de s'indigner avec flamme. Les expressions utilisées rivalisent de créativité et de saine colère. Je ne suis pas aussi bon que ce tas de marginaux qui ose crier au grand jour des vérités auxquelles la quasi-totalité de l'humanité adhère déjà, alors pour faire simple, voici ce qu'il faut retenir : c'est scandaleux, le pape il est méchant.

Il y a de quoi être surpris ! Moi en tout cas, je tombe des nues. Jusqu'alors, j'étais en effet persuadé que la religion catholique c'était juste pour s'amuser. Et le pape avait tellement l'air d'un gentil vieillard souriant que je ne m'étais pas méfié.

J'ai l'impression qu'on a oublié que derrière le pape il y a l'église catholique, ou bien qu'on ne sait plus exactement ce que c'est qu'une religion. Pour rappel, dans l'avion qui l'emmenait au Cameroun, Benoît XVI a eu cette réflexion hautement progressiste : "Vous ne pouvez pas combattre le SIDA avec la distribution de préservatifs, au contraire, cela aggrave le problème." Et là-dessus, branle-bas de combat, horreur et stupéfaction.

Mais ça surprend qui, sans déconner ? Quel résidu de chiure de bisounours faut-il bien être pour jouer les stupéfaits devant une telle prise de position ? Ah ben oui, merde alors, dans la religion catholique c'est interdit de faire des cochonneries au fond d'un lit si c'est pas pour avoir des gosses.

Les gens qui s'excitent et vocifèrent en accusant le pape d'être un salaud oublient juste un petit détail : c'est pas le pape qui a écrit la Bible. C'est pas le pape qui a inventé la religion catholique. Les règles du jeu sont fixées depuis 2000 ans, et c'est pas vraiment comme dans un Monopoly entre potes. C'est pas comme si on avait le droit de changer ce qui ne nous plait pas, tranquille, la fleur aux dents, parce que tous ces trucs ont quand même vachement vieilli, hé.

Où est-ce qu'on s'est imaginé que les religions pouvaient être progressistes au-delà de certains détails d'interprétation ? Elles sont sclérosées, rigides et corsetées, parce que Dieu n'a écrit qu'un seul livre, qu'on n'a plus de nouvelles depuis, et que personne ne peut prendre la responsabilité de moderniser les vieilleries qu'il a sorties au mont Sinaï. Surtout pas le pape, qui est censé être son représentant direct. Le jour où son message se transformera en : "d'accord, on annule le péché de la chair, on va enlever les pages qui y font allusion", il n'y aura plus de religion catholique.

Mais en attendant, le délire "citoyen-du-monde-gros-calins-et-ptits-bisous" qui découvre que le catholicisme n'est pas une annexe du Club Dorothée me tape singulièrement sur le système.

jeudi 5 mars 2009

Meat'n'cheese

"On se disait que si t'étais arrêté deux semaines c'est parce que l'opération avait duré longtemps, parce qu'après t'avoir ouvert le ventre il a fallu que le chirurgien écarte tous les hamburgers dedans pour trouver l'appendice."

Sophie De K.

mercredi 4 mars 2009

Slumdog Millionaire

Je vous jure que ça faisait au moins un an et demi que je ne sortais des salles de ciné qu'en marmonant des trucs énervés tellement je m'y emmerdais. Et là coup sur coup, Morse et Slumdog Millionaire. Jamais deux sans trois, il parait.

De toutes façons, Danny Boyle c'est un peu le patron quand il s'agit de monter des séquences mortelles sur de la musique mortelle, et d'emballer des plans jubilatoires. Slumdog c'est juste du pur cinéma, énergique, criard et mélodramatique. Ca s'inspire du cinéma Bollywood pour l'histoire d'amour absolue et les personnages typés, mais ça les pervertit suffisamment pour qu'on n'ait pas l'impression d'être pris pour un con. C'est beau, ça brille, ça sent bon, et ça me donne ce que je peine tellement à trouver dans tous ces trucs insipides que je persiste à aller voir à longueur d'année : la suspension d'incrédulité. A un moment, t'es tellement dedans que t'applaudirais presque avec des yeux ronds d'admiration.

Une pelletée de critiques sérieusement gâteux et de snobs en goguette a élevé la voix pour qualifier le film de répugnante vision occidentale de l'Inde. La formule est jolie non ? Répugnant, c'est un mot qui calme tout de suite. C'est à cause que l'histoire se déroule dans les bidonvilles de Mumbay et qu'on y voit surtout pauvreté et misère. So what ? Ben c'est pas bien de ne montrer que ce côté-là de l'Inde. 

Salauds de britanniques néocolonialistes. Boyle aurait dû équilibrer en parlant des côtés positifs, en montrant qu'il y avait autre chose que les bidonvilles. Parce que là vraiment, on ne voit que des méchants sur le parcours du héros, et la vraie vie en Inde c'est quand même pas comme ça (n'imaginons pas une seconde, esprits étroits que nous sommes, que le script ait cherché à évoquer à la fois le Dickens d'Oliver Twist et le merveilleux des productions Bollywood).

Pour oublier très vite les idées dégueulasses véhiculées par ce torchon négationniste (je prends des cours chez Libé), les veaux trépanés cités plus haut conseillent de se passer plutôt des films de vrais réalisateurs indiens qui ont un vrai regard sur leur vrai pays et sa culture. Comme si ça avait un rapport. Les autres cultureux à deux balles, qui ont jeté un oeil un jour dans le guide du routard, peuvent placer ici une anecdote sur les pratiques religieuses indiennes ou la population de Mumbay, pour montrer qu'ils s'y connaissent pour de vrai. En fait, Boyle n'aurait pas dû faire un film mais un documentaire. Même les inrocks auraient applaudi.

J'aurais presque envie de développer sur le personnage de Mamane qui renvoie directement au Fagin de Dickens (on peut jouer les écoeurés qui savent lire les sous-textes répugnants, mais passer à côté de ça sans mourir de honte ?), et sur le personnage de Salim qui donne au film l'élan nécessaire pour finir en feu d'artifice, mais le post deviendrait barbant et le film trouvera sa place tout seul. Quand c'est bon comme ça, on n'a pas besoin des critiques. Go and see.